Les voyageurs québécois et leur utilisation de l'IA

Une récente étude dévoilée par le Réseau de Veille en Tourisme s'avère fort éclairante quant à l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) dans le processus décisionnel du voyageur québécois. En voici les faits saillants.

Une utilisation de l'IA en croissance

L'IA s'immisce progressivement dans les habitudes des voyageurs québécois, bien que son utilisation pour la planification de voyages demeure limitée. Selon la plus récente enquête menée en novembre 2024 par la Chaire de tourisme Transat auprès de 975 voyageurs québécois, 42 % des répondants ont déjà utilisé une plateforme d'IA, une proportion stable par rapport à l'année précédente (38 %). Cependant, la fréquence d'utilisation a augmenté, avec 16 % des utilisateurs occasionnels (contre 11 % en 2023) et 6 % des utilisateurs fréquents (contre 3 % en 2023).

Source: Réseau de veille en tourisme

Malgré cette adoption croissante de l'IA, son intégration dans la planification de voyages reste marginale. En 2023, seulement 6 % des voyageurs québécois avaient recours à l'IA pour préparer leurs voyages, une proportion qui est passée à 10 % en 2024. Cette différence avec les marchés canadien et américain, où 34 % des voyageurs d'agrément utilisent l'IA pour s'inspirer, planifier ou réserver des éléments d'un séjour, pourrait s'expliquer par des méthodologies distinctes ou une adoption plus généralisée de l'IA dans les marchés anglophones.

Profil des utilisateurs

Le profil des utilisateurs québécois de l'IA se distingue par plusieurs caractéristiques. Parmi ceux ayant déjà utilisé l'IA, 35 % sont âgés de 18 à 34 ans, comparativement à 17 % chez les non-utilisateurs. De plus, 37 % des utilisateurs de l'IA détiennent un niveau d'éducation plus élevé (contre 23 % des non-utilisateurs) et 27 % déclarent un revenu annuel du ménage de 150 000 $ et plus (contre 13 % chez les non-utilisateurs). Ces voyageurs sont également plus enclins à voyager fréquemment : 16 % voyagent tous les trois mois (contre 10 %) et 28 % tous les six mois (contre 22 %).

Lors de la préparation de leurs voyages, les utilisateurs de l'IA l'emploient majoritairement pour l'idéation. Ainsi, 56 % esquissent un premier itinéraire ou un horaire de visite, 54 % obtiennent des recommandations sur des attraits, des restaurants et des activités, et 44 % reçoivent des suggestions de sources d'informations touristiques à consulter.

Environ 35 % utilisent l'IA pour optimiser leur itinéraire et 32 % pour choisir leur destination de voyage. Cependant, seulement 14 % ont réservé ou acheté directement une composante de leur voyage via une plateforme ou un outil d'IA, ce qui pourrait s'expliquer en partie par une méconnaissance des usages de l'IA dans le cadre des réservations. Pendant leur séjour, une minorité de 6 % des répondants utilise l'IA pour planifier leur séjour ou organiser leurs activités.

La planification du voyage au coeur des utilisations de l'IA

Parmi les voyageurs québécois ayant déjà eu recours à l'IA, un quart l'a utilisée pour la planification d'un voyage. Peu de différences sociodémographiques existent entre les utilisateurs de l'IA pour la planification de voyages et les autres adeptes de cette technologie. Cependant, certains constats se dégagent : ces voyageurs sont principalement des couples sans enfant, avec un revenu annuel du ménage situé entre 100 000 $ et 119 999 $.

Ils pratiquent un sport, élément important dans le choix de leur destination, et organisent leurs voyages autour d'événements sportifs. De plus, les déplacements professionnels et le télétravail influencent leurs voyages, avec une aspiration à plus de flexibilité quant aux dates de voyage en 2025. Enfin, le voyage occupe une place importante dans leur vie et ils se montrent curieux des technologies.

Bref, bien que l'utilisation de l'IA par les voyageurs québécois soit en progression, son adoption pour la planification de voyages reste encore limitée pour l'instant. Néanmoins, la confiance accordée à l'IA pour ses recommandations suggère qu'elle pourrait jouer un rôle de plus en plus important dans l'organisation des séjours à l'avenir.